claveciniste et fondateur des Paladins
Rencontre avec
Jérôme Correas
Musique Baroque en Avignon : Bonjour Jérôme Correas et merci de nous accorder cette interview. Comment vôtre amour a-t-il débuté pour la musique et pour vôtre instrument ?
J.C. : Je le dois à un séjour en Alsace où la musique classique était inscrite dans le quotidien des habitants et dont la plupart chantaient ou jouaient d’un instrument ! Dès mon arrivée, il était évident que je fasse de la musique ! On m’a donc laissé le choix entre le violon et le piano et je me suis naturellement tourné vers le piano, puis le clavecin.
M.B.A. : Depuis la création de vôtre orchestre « Les Paladins », quels étaient vos objectifs ? Qu’en est-il aujourd’hui ?
J.C. : De par ma curiosité et mon parcours musical, j’avais envie de balayer les différents répertoires du baroque (allant de Monteverdi à Mozart). Donc, l’objectif principal était de proposer des versions personnelles d’œuvres phares, mais aussi d’en faire découvrir de moins célèbres, le tout sous un angle théâtral.
Pour aujourd’hui, nous raisonnons d’une façon plus ouverte et large qu’à la création de l’ensemble. Par exemple, nous avons eu des projets mixant la musique baroque et d’autres styles plus contemporains (par exemple, Purcell avec Les Beatles), et ce fut enrichissant de les confronter pour les comparer.
Nôtre monde musical s’ouvre davantage et la musique baroque sort d’un certain ghetto : il est donc intéressant et nécessaire de se renouveler constamment. Mais bien évidemment, j’aime également revenir aux fondamentaux !
M.B.A. : En tant que pédagogue, qu’aimez-vous transmettre à vos élèves ? Quelles sont les valeurs que vous recherchez chez un jeune artiste ?
J.C. : Avant tout, j’essaye de leur apprendre à être professionnels et marquants. L’objectif est de trouver et d’affirmer leurs personnalités musicales, tout en gardant leurs atouts et particularités.
Concernant l’aspect musical, ils doivent trouver leur propre interprétation (sans se calquer sur celle de leurs prédécesseurs) afin d’émouvoir le public par l’aspect technique, mais aussi par leurs franchises et sensibilités musicales. Voilà un réel enjeu pour ces jeunes artistes : trouver leurs propres identités !
M.B.A. : Le 5 février, vous présenterez le programme « La Morte di Lucrezia » (« la Mort de Lucrèce ») avec la soprano Amel Brahim-Djelloul et le violoncelliste Nicolas Crnjanski. Nous retrouverons également deux œuvres instrumentales, les 3e et 6e Sonates de Vivaldi. Pourquoi les avoir choisies ?
J.C. : Il n’y a pas de rapport contextuel direct, mais le climat reste identique aux pièces vocales. Le sujet est pesant et intense et les cantates que j’ai choisies le sont tout autant, surtout celle de Haendel qui est un véritable chef d’œuvre ! J’ai donc sélectionné des œuvres instrumentales de la même intensité musicale et qui possèdent un aspect chantant et sombre.
M.B.A. : Quels sont vos prochains projets artistiques ?
C.F. : En février prochain, nous préparons un spectacle sur le thème du café (« Café Liberta ») en collaboration avec la chorégraphe et directrice du centre chorégraphique de Nantes, Ambra Senatore, et qui réunira danseurs, chanteurs et orchestre. Je trouvais cela intéressant de travailler sur un projet comme celui-ci qui démontre l’influence d’un phénomène social comme la consommation du café sur l’inspiration des compositeurs. J’ai également hâte de retrouver Amel Brahim-Djelloul, avec qui j’aime beaucoup travailler, en septembre prochain, pour le Stabat Mater de Pergolèse.
Propos recueillis par Marjorie Cabrol