Musique Baroque en Avignon : Bonjour Céline Frisch, et merci de nous accorder cette rencontre. Comment avez-vous découvert votre passion pour la musique baroque, et particulièrement pour le clavecin ?
C.F : Mes parents écoutaient beaucoup de musique, en particulier de la musique baroque, et ma mère jouait de la flûte à bec en amateur. Au départ, le clavecin, que j’ai débuté à l’âge de 6 ans, a été leur choix. À 14 ans, je suis partie pour un échange d’un an en Allemagne chez des amis de mes parents, également musiciens amateurs mais aussi choristes. Ainsi, durant mon séjour, je suis allée chanter l’oratorio de Noël et la Passion selon St Jean de Bach avec eux, ça a été un choc musical ! Dès mon retour, je me suis investie davantage dans les études musicales.
M.B.A : Vous vous intéressez également au répertoire du XXème siècle. Qu’apporte ici la sonorité et le timbre du clavecin, demeurant complètement nouveau pour lui ?
C.F : Je dirais que le clavecin a plusieurs atouts, à commencer par la netteté du timbre, les possibilités de registration et le côté rythmique, qui déterminent le caractère par l’instrument. Des compositeurs comme Poulenc, De Falla ou Ligeti, qui ont écrit au XXème siècle pour une reconstitution du clavecin assez éloignée du clavecin historique, mettent en valeur ces paramètres. D’autres plus contemporains comme Brice Pauset, Pascal Dusapin, écrivent pour des copies d’instruments anciens avec un traitement du son plus proche de celui de l’époque baroque.
M.B.A : Vous êtes à la direction artistique de l’ensemble « Café Zimmermann », que vous avez créé avec Pablo Valetti en 1999 et qui fait référence à l’établissement musical de Gottfried Zimmermann à Leipzig et qui recevait régulièrement les plus grands artistes du XVIIIème siècle. En quoi ce lieu a-t-il inspiré le titre de votre ensemble ?
C.F : D’une part, c’est une référence historique précise à ce lieu où Bach, ses fils et Telemann entre autres sont intervenus et sont des compositeurs dont les œuvres constituent une grande part du répertoire qui nous tient à cœur depuis la création de l’ensemble. Ce café de M. Zimmermann représente de plus l’émergence des salles de concert – avant cela, on pouvait entendre de la musique savante seulement à l’église ou à la cour – et ouvre un imaginaire sur un lieu musical riche de rencontres entre musiciens et public, de l’époque ou d’aujourd’hui.
M.B.A : Le 11 décembre, vous présenterez votre dernier programme qui a fait l’objet d’un disque en 2021 « The imaginary music book of J-S Bach ». Quel a été l’élément déclencheur de sa conception ?
C.F : C’est notre flûtiste, Karel Valter, qui a eu l’idée de ce programme et qui l’a confectionné en imaginant un concert « domestique », où nous retrouvons Bach et son fils Carl Philipp Emanuel sur leurs derniers travaux, notamment la Sonate de l’Offrande musicale. Cela constitue une sorte de ‘’playlist’’ avec un choix de morceaux que l’on aime bien, avec pour une grande majorité, des arrangements pour une formation de quatre musiciens.
M.B.A : Quels sont vos prochains projets artistiques ?
C.F : Avec l’ensemble, nous préparons un programme de concertos et symphonies de Carl Philipp Emanuel Bach et de Mozart que nous donnerons avec le pianiste Alexander Melnikov en janvier prochain au Grand Théâtre de Provence à Aix-en-Provence et que nous enregistrerons juste après. Pour ma part, après avoir sorti un disque de musique française, je reviens à Jean-Sébastien Bach avec les six partitas pour clavier que j’interpréterai au printemps prochain et que j’envisage d’enregistrer dans un an.
Propos recueillis par Marjorie Cabrol