Amel Brahim-Djelloul se situe volontiers à la croisée des cultures et fascine tout autant qu’elle attire à elle des artistes de différents horizons.
Après avoir obtenu ses diplômes au Conservatoire national supérieur de musique de Paris et être passée par le « Jardin des Voix » de William Christie, elle est nommée aux Victoires de la Musique 2007 (révélation lyrique) et aborde ensuite nombre de rôles d’opéras et d’œuvres concertantes dans les plus grandes salles d’opéras et de concerts.
Elle est ici accompagnée – et dirigée – par Jérôme Corréas, claveciniste, chanteur, chef d’orchestre, à la tête des Paladins qu’il crée en 2001 et avec lesquels il dirige de nombreux opéras de Monteverdi, Cavalli, Haendel, Lully ou encore Haydn.
A leurs côtés, un magnifique violoncelliste baroque, Nicolas Crnjanski, spécialiste reconnu des musiques ancienne et baroque.
C’est à Rome que Haendel compose en 1709 sa « Lucrezia ». Inspiré par Scarlatti, dont la cantate « La Lucrezia Romana » fut un modèle du genre, il redonne vie à un personnage historique et mythique à travers un véritable opéra miniature. Tout comme celle de Scarlatti, sa cantate est un tour de force pour l’interprète, qui porte par son chant un discours aussi intime qu’audacieux, aussi troublant que sincère.
Conscients de l’importance et la force du sujet, ces deux compositeurs écrivent une œuvre très personnelle, où alternent des récitatifs dans lesquels les sentiments, les douleurs du personnage sont ressentis physiquement, et des airs expressionnistes, tour à tour virtuoses ou hallucinés. On y voit une Lucrèce chantant jusqu’à la limite de ses forces, et à la fin déjà ailleurs, comme happée par la mort.
A travers cette passionnante exploration musicale des sentiments humains, le mythe de Lucrèce traverse les siècles. Il arrive intact dans sa force et sa violence jusqu’à notre époque où il résonne particulièrement.