Rencontre avec la soprano Ana Vieira Leite

-Bonjour, Ana Vieira Leite, et merci de nous avoir accordé cette interview. Comment avez-vous découvert la musique classique ainsi que votre voix ?
 

Ana Viera Leite : Ma première rencontre avec la musique a eu lieu au Conservatório de Música Calouste Gulbenkian à Braga (ma ville natale) à l’âge de 6 ans. J’ai étudié le violon pendant 12 ans, sans objectif professionnel. Étant très orientée vers la performance et le théâtre, mon désir était d’être sur scène, mais je ne savais pas encore exactement ce que je voulais faire. Ce n’est qu’à l’âge de 15 ans que j’ai découvert, grâce à un professeur de chant à l’oreille très attentive, que j’avais un timbre intéressant et que je pouvais réunir le meilleur de la musique et du théâtre. C’est ainsi que j’ai commencé à prendre des cours de chant et à m’engager dans cette voie.

 

-Vous réservez une grande place au répertoire baroque et collaborez régulièrement avec de prestigieux ensembles, comme les Arts Florissants ainsi que Cappella Mediterranea. Pouvez-vous nous parler de ces collaborations ? Avez-vous encore des projets abordant d’autres répertoires ou souhaitez-vous vous consacrer complètement au baroque ? 

A.V.L: C’est un grand privilège et je suis très reconnaissante de pouvoir collaborer avec des ensembles aussi importants pour la scène musicale baroque que Les Arts Florissants et Capella Mediterranea, entre autres. J’ai l’habitude de dire que la meilleure école est la scène et ces deux ensembles m’ont donné (et continuent de me donner) une incroyable école de musique Baroque et de la Renaissance. Il est vrai que je n’ai pas de formation spécialisée baroque, car tout mon parcours académique était plus lié au bel canto. C’est à la Haute École de Musique de Genève où j’ai rencontré Leonardo García Alarcon, que j’ai commencé à développer un certain intérêt pour la musique ancienne. En 2021/2022, j’ai fait partie de la “X Academia Jardin des Voix” des Arts Florissants, ce qui a donné un grand coup de pouce à ma carrière dans ce domaine. Je pense donc que mon passage par le baroque est dû à des opportunités qui se sont présentées à moi et je les prends comme des défis. Aujourd’hui, j’aime toujours découvrir le  monde baroque, mais je suis ouverte à tous les styles et toutes les périodes, même contemporains, où j’ai l’habitude de me produire, comme c’est le cas pour cette saison et la suivante. Je suis très intéressée par des productions plus tardives et j’attendrai les meilleures opportunités.

-Vous avez cofondé l’ensemble « La Néréide » avec les soprani Julie Roset et Camille Allérat. Pouvez- vous nous expliquer ce choix de nom ?

 A.V.L : Les Néréides sont des nymphes marines présentes dans la mythologie grecque : elles sont cinquante et peuvent être assimilées aux sirènes, qui envoûtaient les marins par leurs chants.

Nous avons choisi « La Néréide » (au singulier) car nous aimions la symbolique d’un trio dont le but serait de ne faire qu’un en jouant sur la fusion de nos trois voix, différentes, mais qui se fondent pourtant très bien ensemble.

-Le 14 mai prochain, vous interprèterez le programme Le Tre Donne de Ferrare avec l’ensemble La Néréide, que vous avez fondé avec les soprani Julie Roset et Camille Allérat. Comment vous êtes-vous préparées pour ce programme ? Présenter ces morceaux représente-t-il un challenge pour vous trois ?

A.V.L :Ce répertoire est un grand défi pour nous trois, car il s’agit d’une musique virtuose et délicate. Nous n’avons pas l’habitude de la chanter et nous avons donc eu une longue période de préparation pour nous habituer à ce langage. Le travail est allé de la préparation des partitions aux adaptations des tonalités, en passant par la distribution des voix (ce qui représente toujours un défi pour trois chanteuses avec la même tessiture ! ) . Heureusement, nous travaillons ensemble depuis longtemps, nous connaissons ainsi très bien nos voix et avons créé notre propre rythme de préparation. Ce concert a été conçu de manière à ce que les voix soient également entremêlées, parfois même déroutantes pour l’auditeur, ce qui pour nous semble être une approche différente de l’habitude. Nous explorerons les extrêmes de nos voix, comme les coloratures très virtuoses, les volumes, et les différentes couleurs. Nous voulions jouer avec nos voix et apporter un nouveau concept au public – un ensemble de trois sopranos mais avec des timbres complètement différents.

-Quels sont vos projets artistiques ?

A.V.L : Mes projets concerneront la musique baroque (à l’opéra et en concert), en passant par Mozart et Gluck, et enfin la musique contemporaine. La saison prochaine, j’aurai quelques premières dans des productions à l’Opéra Garnier à Paris, au Grand Théâtre de Genève, au Teatro Real à Madrid et à l’Opéra de Dijon. Quelques albums sur lesquels j’ai travaillé l’année dernière sortiront dans les mois à venir, en particulier l’album de ce concert que nous partagerons avec vous à Avignon. Cette saison, je terminerai deux tournées avec Les Arts Florissants dans Dido and Aeneas de Purcell, dans le rôle de Belinda au Gran Teatre del Liceu à Barcelone, et Partenope de Haendel, dans le rôle-titre pour quelques festivals français et canadiens.

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