RENCONTRE AVEC LA TROMPETTISTE LUCIENNE RENAUDIN-VARY

Musique Baroque en Avignon : Bonjour Lucienne Renaudin-Vary, et merci de nous accorder cette interview. Votre parcours est impressionnant, et vous avez commencé la trompette très jeune. Qu’est-ce qui vous a poussé vers cet instrument, souvent moins courant chez les jeunes filles, et comment s’est construite votre carrière depuis vos débuts ?

Lucienne Renaudin-Vary: J’ai commencé la trompette à l’âge de 8 ans, un peu par hasard. Avant cela, j’avais fait un ou deux ans de piano. J’aimais beaucoup écouter de la musique, mais jouer du piano ne me semblait pas naturel ; j’avais du mal à m’y exprimer pleinement. Puis, un jour, des professeurs de trompette sont venus présenter l’instrument pendant un cours de solfège. Ce fut une véritable révélation. J’ai immédiatement été fascinée : tout me plaisait dans la trompette. Très vite, c’est devenu une passion, et j’ai su que je voulais en faire mon métier. Contrairement au piano, la trompette m’est apparue comme une extension de moi-même, presque comme ma voix. Elle est devenue ma manière d’exister musicalement.

MBA : Votre répertoire est particulièrement éclectique, allant du classique au jazz. Qu’est-ce qui vous attire dans cette diversité musicale ?

L.R.V: Chez moi, on a toujours écouté une grande variété de styles musicaux. La musique classique a été au cœur de ma formation, c’est ma base, mon socle. Mais en parallèle, j’ai grandi en écoutant beaucoup de jazz avec mes parents. C’est un univers qui a toujours fait partie de ma vie. Je ne ressens pas le besoin de choisir entre les styles. Pour moi, il n’y a pas de cloisonnements : il y a simplement la bonne musique et celle qui me touche moins. Peu importe le genre, du moment que la musique me parle, elle a sa place dans mon répertoire.

MBA : Lors de vos concerts, quelle place occupe l’improvisation ou la spontanéité, notamment dans les moments de dialogue avec le public ?

L.R.V: Même dans un concert classique, j’essaie toujours d’apporter une touche de liberté, une couleur jazz, une respiration. Par exemple, si je joue un concerto classique avec orchestre, j’aime introduire un passage plus libre ou improvisé. Le public, avec son énergie propre, influe beaucoup sur ce que je donne. Chaque concert est unique, car chaque salle, chaque auditoire m’inspire différemment. C’est aussi ce que j’aime faire sur mes albums : mélanger les styles, casser les frontières, faire cohabiter les univers.

MBA : Qu’aimeriez-vous que le public retînt de votre performance à L’Autre Scène du 20 juin prochain au-delà de la virtuosité technique ?

L.R.V: Justement, je ne cherche pas à ce que l’on retienne la virtuosité technique. Ce qui m’importe avant tout, c’est que le public passe un bon moment. Pour moi, un concert doit permettre aux gens de s’évader, de s’extraire du quotidien, de rêver un peu. Si les spectateurs ressortent avec le sentiment d’avoir été transportés, alors l’essentiel est là.

 

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