Musique Baroque en Avignon: Bonjour Sébastien di Mayo et merci de nous accorder cet entretien. Pour commencer, pouvez-vous nous raconter votre parcours musical et comment vous êtes devenu chef de chœur ?
Sébastien di Mayo: Mon parcours musical a commencé par la clarinette en école de musique. J’ai d’abord été élève, puis j’ai joué dans différents ensembles — duos, trios, quatuors et formations plus importantes. Ensuite, j’ai découvert le chant au Chœur universitaire d’Avignon, après un passage par la chorale du lycée. J’ai rejoint le Chœur Homilius, qui était alors lié à l’école de musique du Pontet, et j’y ai chanté de 1999 à 2004. Entre-temps, j’ai commencé à codiriger le Chœur Robert Grimaud à l’Isle-sur-la-Sorgue, puis j’en ai pris la direction jusqu’en 2023. Ce chœur avait deux ensembles : un a cappella et un plus large pour les grandes œuvres avec orchestre. En 2006, le Chœur Homilius avait besoin d’un chef et j’ai accepté de reprendre la direction pour un an… jusqu’à aujourd’hui ! Actuellement, nous sommes 24 choristes et nous chantons surtout a cappella, tout en explorant des répertoires allant de la musique ancienne à la création contemporaine.
MBA : Le concert que vous donnerez ce dimanche 16 novembre met à l’honneur la musique baroque. Pouvez-vous nous en dire plus sur le programme et les œuvres que vous avez choisies ?
S.D.M: Pour ce concert, j’ai voulu créer un lien entre deux temps liturgiques : la naissance du Christ et sa Passion. Comme le concert a lieu un mois avant Noël, j’ai choisi d’inverser un peu l’ordre pour remonter dans le temps tout en gardant ce lien. On commencera par deux chorals — Homilius et Bach — qui parlent de la souffrance du Christ tout en ouvrant vers l’espérance. Ensuite, le “Stabat Mater” de Caldara alternera mouvements intimistes et plus légers, entre douleur et confiance. Pour le pivot vers la naissance, nous chanterons trois mouvements du “Magnificat” de Telemann, joyeux, vocalisants et légers, avant de terminer avec la cantate de Buxtehude, puis le choral final de la cantate 140 de Bach, qui célèbre la joie et l’éveil de l’Avent. Ce programme cherche à faire dialoguer Passion et naissance, tout en explorant les couleurs et les styles de la musique baroque.
MBA: Comment avez-vous abordé la préparation de ce programme avec les chanteurs du chœur ? Y a-t-il eu des défis particuliers ou des moments marquants ?
S.D.M: Le travail avec le chœur commence toujours par une préparation en amont. Tous les choristes ne sont pas lecteurs, mais ce sont des amateurs passionnés, qui travaillent beaucoup individuellement avant les répétitions. En répétition, on entre directement dans la musique, sans déchiffrage. Le vrai défi de ce programme, c’est le travail a cappella et l’ajout des musiciens — le quatuor à cordes et la harpe — en dernière semaine. Heureusement, nous avons déjà collaboré avec eux et une vraie connivence s’est installée, ce qui rend la musique plus facile et agréable à interpréter.
MBA: Qu’espérez-vous que le public retienne ou ressente en sortant de ce concert ?
S.D.M: C’est une question délicate. Ce que je souhaite surtout, c’est que le public laisse les temps de silence s’installer entre les œuvres et n’applaudisse qu’à la fin du concert. La construction du programme a du sens et un lien entre toutes les pièces, qui remontent dans le temps, et ces silences font partie intégrante de l’expérience. J’aimerais que le public se laisse embarquer par ce parcours, et qu’il retrouve peu à peu le sourire et la lumière qui annoncent Noël. Au-delà de ça, je souhaite surtout partager le plaisir que nous avons à chanter ces œuvres, découvrir ces pages de musique magnifiques où, en quelques mesures, les compositeurs installent déjà une ambiance et une musicalité qui nous emportent. J’espère que le public fera ce voyage avec nous dimanche.

