Claveciniste et fondateur de l'Ensemble Sébastien de Brossard
Rencontre avec Fabien Armengaud
Bonjour Fabien, merci de nous avoir accordé cette interview ! On peut dire que vous avez beaucoup de cordes à votre arc : vous êtes claveciniste, fondateur de l’Ensemble Sébastien de Brossard puis chef assistant à la Maîtrise du Centre de musique baroque de Versailles. Depuis septembre, vous avez succédé à Olivier Schneebeli au poste de directeur musical de cette maîtrise. Quelles sont vos ambitions pour cette structure ?
F.A : La première est de former et d’accompagner au mieux ces jeunes chanteurs à la réalité du métier (qui s’avère difficile, plus particulièrement en cette période de post-covid) à travers de nombreux projets au sein du centre mais aussi de développer l’action culturelle, la médiation et la pédagogie avec de nouveaux intervenants. L’année sera marquée par la venue de la chef d’orchestre Emmanuelle Haïm en tant que chef résidente pour un mandat de deux ans. Les Chantres (petit ensemble de dix-sept étudiants) enregistreront la pastorale “Ariane et Bacchus” de Marin Maris en avril prochain au Théâtre des Champs-Elysées et nos pages (chœur d’enfants) chanteront pour un concert principalement autour du “Gloria” de Vivaldi. Nous présenterons deux pastorales inédites en version scénique qui seront jouées au centre ainsi qu’à l’auditorium du Conservatoire à rayonnement régional de Paris et nous gardons nos ”jeudis musicaux” qui restent une belle occasion d’entendre notre maîtrise au complet pour des chants de musique sacrée et profane.
D’où vient pour vous, cet engouement, à l’égard de la musique baroque ?
F.A : La famille a un peu joué : mon grand-père était organiste, donc j’ai été familiarisé dès le plus jeune âge avec le clavier. Ensuite, j’allais régulièrement écouter les concerts d’un clavecin historique de 1780, préservé dans un musée en face de chez mes grands-parents et dont la sonorité m’a de suite fasciné. A l’âge de quatorze ans, j’ai décidé de franchir le pas et d’étudier cet instrument au Conservatoire de Toulouse, qui à cette époque, recevait Hervé Niquet et Laurence Boulay au sein du département de musique ancienne. Pour ma part, cela a été une grande effervescence et j’ai beaucoup appris à leurs côtés. Je pense que c’est probablement la meilleure période de ma vie !
Le nom de votre ensemble, fondé en 2015, porte le nom du compositeur baroque, Sébastien de Brossard, dont le choix n’est pas “anodin” pour vous. Au-delà de la référence, est-ce un modèle d’inspiration ?
F.A : Tout à fait, dans la mesure où Sébastien de Brossard était un personnage très cultivé et modeste : il a composé des œuvres qu’il refusait de publier car il les trouvait moins travaillées que celles de ses contemporains. Il a également recopié beaucoup de musiques intégralement à la main puis en a fait offrande au Roi. Donc c’est grâce à lui que nous connaissons autant de musiques, sans cela, elles auraient été perdues. Nous nous inspirons de lui en sortant des “nouvelles œuvres”. Il y a toujours à découvrir dans le monde de la musique ancienne.
Votre Ensemble a pour but de découvrir des œuvres et compositeurs méconnus. Sur quels axes se déploient vos recherches ?
F.A : Nous avons la chance d’être entourés de chercheurs et de bibliothécaires qui nous aiguillent et nous sont précieux pour notre métier. Parallèlement, je cherche également dans les bibliothèques numériques qui, au fil du temps, regorgent d’ouvrages de plus en plus variés. Grâce à ce travail d’exploration, nous sortons beaucoup de morceaux inédits chaque année et c’est très excitant !
Le concert que vous nous proposez pour Musique Baroque en Avignon tournera autour de Georg Philip Telemann. Pouvez-vous nous commenter le choix du programme ?
F.A : Georg Philip Telemann était une véritable icône dans son temps : il a composé un nombre colossal d’œuvres et pour toute formation instrumentale, notamment beaucoup de cantates. Nous avons donc décidé de présenter celles qui nous semblaient être les plus intéressantes. S’ajouteront des pièces de clavecin, une ouverture intrigante mélangeant les genres musicaux, des trios pour plusieurs formations notamment avec le “dessus de viole” qui reste un instrument encore méconnu. Une petite surprise est également prévue…
Quels sont vos projets pour l’Ensemble de Sébastien de Brossard à l’avenir ?
F.A : Continuer de découvrir des œuvres oubliées : je conçois un projet sur des “cantates burlesques” ainsi qu’un disque inédit consacré au répertoire flûte à bec et basse continue.
Propos recueillis par Marjorie Cabrol