Rencontre avec le ténor Zachary Wilder

Musique Baroque en Avignon : Bonjour, Zachary Wilder, et merci de nous accorder cette interview. Originaire de la Californie et d’une famille musicienne tournée vers le pop et broadway, vous n’étiez pas forcément destiné à une carrière dans le classique. Par votre parcours, comment en êtes-vous venu à ce répertoire, et particulièrement au baroque ?

Zachary Wilder : Effectivement, j’ai grandi dans une famille de musiciens avec un père travaillant dans la musique pop et ma grand-mère dans le chant lyrique, c’était une véritable tradition musicale chez nous ! J’ai donc débuté dans la pop et le musical en intégrant une école spécialisée. Puis un jour, piqué par la curiosité, j’ai pris un cours de chant lyrique et je suis tombé amoureux du répertoire, mais aussi d’un nouveau travail technique. Et après six mois de cours, j’ai présenté ma candidature à plusieurs Conservatoires aux Etats-Unis, dont l’Eastman School of Music. Il n’y avait pas de département de musique baroque, mais un ensemble tenu par le luthiste Paul O’Dette. Dès que j’ai mentionné le nom à ma mère, qui était fan de son travail, elle m’a incité à m’inscrire ! (rires) Au fur-et à-mesure, je me suis épris du répertoire baroque, mais aussi de l’étude approfondie de ces pièces.  

M.B : Vous êtes actuellement en tournée avec l’ensemble « I Gemelli » et son chef d’orchestre Emiliano Gonzalez Toro, pour une version de l’opéra, Il Ritorno d’Ulisse in Patria de Monteverdi. Quel est votre ressenti sur cette nouvelle production ?

Z.W. : C’est peut-être l’opéra que j’ai joué le plus jusqu’à présent, il est très important pour moi. De plus, la relation que j’ai avec Emiliano Gonzalez Toro est forte (nous avions déjà enregistré un programme en duo « A Room of Mirrors »), et notre approche sur la musique de Monteverdi s’est faite de manière naturelle et évidente. Le reste de l’équipe est également expérimentée dans le répertoire, et nous nous sommes donnés à cœur joie d’approfondir davantage l’interprétation. D’ailleurs, nous avons privilégié une mise en espace plutôt qu’une mise en scène, qui facilite la liberté d’expression et nous pouvons donc nous adonner pleinement au livret et interagir avec le public.

M.B :  Le 11 novembre prochain à la Collection Lambert d’Avignon, vous jouerez un programme dédié au compositeur John Dowland aux côtés de l’ensemble La Chimera et son chef Eduardo Egüez . Qu’est-ce qui vous attire dans la musique de Dowland ? Remarquez-vous une connexion plus profonde avec le répertoire lorsque celui-ci est écrit dans votre langue natale ?  

Z.W. : Cette musique parle spécifiquement de mélancolie, dûe aux nombreuses turbulences politiques, et il était presque mal vu d’exprimer de la gaieté, comme une maladie « en vogue ». Cette musique touchait donc le public de son époque mais aussi celui d’aujourd’hui, car elle est encore parlante aujourd’hui ! Personnellement, j’adore cette manière en apparence simple, mais recherchée, d’exprimer cette mélancolie, c’est comme si une personne d’autrefois vous touchait l’épaule un instant et vous embarquait dans un voyage.

Même si la langue vient d’une autre époque, elle reste proche du cœur et les mots sont donc plus sensibles et instinctifs. Il n’y a aucune barrière entre l’imaginaire et la manière dont je livre le texte.

M.B. : Quelle a été votre expérience de travailler avec Eduardo Egüez et son ensemble ? Auriez-vous une anecdote à raconter ?

Z.W. : J’ai rencontré l’équipe pour la première fois lors de l’enregistrement de ce programme et il y régnait une atmosphère chaleureuse et familiale (au sens propre puisqu’une partie de la famille Egüez joue pour cet ensemble, notamment son épouse Sabina et leur fille Margherita). Je me suis donc immédiatement senti le bienvenu ! Après les sessions d’enregistrements, Sabina cuisinait de grands repas pour toute l’équipe, comme le feraient les « mamma italiennes » (rires). J’ai vraiment passé de bons moments à leurs côtés !

M.B. : Où pourrons-nous vous écouter prochainement ?

Z.W. : Dès le lendemain du concert à Avignon, nous serons à Fribourg pour donner le même concert. Début décembre, Emiliano Gonzalez Toro et moi-même partirons aux Etats-Unis (New-York, Boston) et au Canada (Montréal) pour donner notre programme en duo « A Room of Mirrors ».

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