Salomé Gasselin, figure emblématique d’une nouvelle génération, couronnée en 2024 par une Victoire de la musique en qualité de révélation soliste instrumentale de l’année, redonne des couleurs à son instrument fétiche : la viole de gambe, après qu’elle ait pourtant cru que le rugby lui apporterait ses premières victoires !
C’est avec une magnifique basse de viole de Simon Bongars fabriquée à Paris en 1653 qu’elle est aujourd’hui accueillie sur les grandes scènes internationales, soit en récital, soit avec le Concert qu’elle vient de créer.
Voici l’armée céleste que j’ai imaginée pour ce récital de viole de gambe. Ces êtres immatériels sont des anges, des messagers qui portent la lumière et véhiculent la parole divine, qui font le lien entre le ciel et la terre, entre le connu et l’inconnu. Dans le monde du vin, ils reçoivent une part à boire, la « part des anges ». Il s’agit de la partie de l’alcool qui s’évapore, perdue pendant que le vin vieillit en barrique. Lorsque les musiciens jouent de la musique ancienne, nous sommes confrontés à cette essence disparue. La maturation de la musique a gardé pour elle une part de mystère – et tout notre art est de rester connecté au message d’une œuvre, malgré les effets du temps. Rêvons ensemble de cette musique évaporée. Mais n’oublions pas non plus de goûter ce qui reste, ce que nous partageons aujourd’hui avec les anges.
Salomé Gasselin