Rencontre avec le claveciniste Julien Taylor

Musique Baroque en Avignon : Bonjour, Justin Taylor, et merci de nous accorder cette interview. Votre nouveau CD « Bach et l’Italie »  vient tout juste de sortir. Vous avez inséré des œuvres de Vivaldi, Scarlatti et Marcello, d’où vous est venue l’inspiration d’associer ces compositeurs ? Ont-ils un point commun ?

J.T. : Cela fait longtemps que je souhaitais faire un projet autour de Bach, notamment sur la première période de sa vie (autour de ses vingt-cinq ans) où la musique italienne a commencé à m’habiter et a donc influencé sa musique. Il a donc découvert la musique de Vivaldi, qui à l’époque, était à l’apogée de son succès par le lyrisme et la virtuosité de sa musique et dont il va s’ imprégner en retranscrivant une partie de ses œuvres ainsi que celles de Marcello et Scarlatti. D’une certaine manière, Bach les a réunis !

M.B. : Le 14 octobre prochain au Théâtre du Chêne Noir, vous présenterez aux côtés du violoncelliste Victor Julien-Laferrière un programme principalement axé sur Vivaldi et Geminiani. Comment l’avez-vous conçu ?

J.T. : Tout le monde imagine le violoncelle comme un instrument soliste, mais il en était tout l’inverse à l’époque baroque puisqu’il ne servait qu’ essentiellement d’accompagnement. Vivaldi et Geminiani sont donc les premiers aux origines du répertoire soliste pour violoncelle. Les sonates de Vivaldi sont relativement connues, contrairement à Geminiani et Marcello, qui sont certes plus confidentielles, mais tout aussi belles. J’aime toujours associer des compositeurs “valeurs sûres” avec des compositeurs correspondant à la même personnalité musicale, car il est toujours intéressant de les confronter.

 

M.B : A travers vos années de carrière, avez-vous remarqué une évolution dans votre interprétation ? Si oui, quelles en seraient les raisons ?

J.T : Ah oui, je pense ! car il y a toujours un aspect purement technique où le travail est quotidien, donc j’ose espérer qu’on s’améliore lentement, mais sûrement ! (rires). Je pense aussi que les répertoires que nous jouons régulièrement nous changent aussi au fil des années, car ils nous apportent de différentes choses et, grâce à eux, l’interprétation grandit. Il y a quelques semaines et un peu par hasard, j’ai réécouté quelques extraits de mon premier disque sur la famille Forqueray en 2016, et j’avais l’impression de ne pas me reconnaître !

 

M.B : Dans votre temps libre, qu’aimez-vous faire ? 

J.T. : Le domaine des sciences, particulièrement l’astrophysique, m’a toujours intéressé. Et en dehors des choses un peu moins “casse-tête”, j’aime aussi profiter des moments reposants et calmes, notamment les balades en pleine nature qui m’apaisent beaucoup. C’est en quelque sorte oublier le stress des concerts et les agendas bien chargés pour revenir à l’essentiel. Bien sûr, c’est toujours stimulant de partir en voyage pour les concerts, mais les contraintes d’organisation et de travail en amont rendent la cadence toujours soutenue et stressante. Les coupures de ce genre sont donc salvatrices et essentielles pour moi.

 

M.B. : Quels sont vos projets artistiques ?

J.T. : Je poursuivrai ma tournée de mon CD « Bach et l’Italie » dont les prochaines dates seront le 7 octobre prochain au Festival Brabant-Wallon (Belgique) , le 17 octobre au Cobbe Collection ( Angleterre) et le 15 novembre à Séville (Espagne). En parallèle, un CD avec mon ensemble « Le Consort » dédié au répertoire joué à Londres autour des années 1700 sortira en novembre prochain. Il sera représenté par trois compositeurs phares de cette époque : Purcell, Matteis et une compositrice inconnue et dont le nom est un pseudonyme : Mrs. Philarmonica. Ce sera donc le premier enregistrement de sa musique et nous avons hâte de la faire découvrir au public ! 

                                                                                                     Propos recueillis par Marjorie Cabrol

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