Rencontre
Rencontre avec Florence Malgoire et Jean-Marc Aymes
Bonjour Florence et Jean-Marc ! Merci de nous avoir accordé cette interview ! Pour commencer, pouvez-vous nous parler un peu de vous ?
F.M : J’ai été le premier violon solo dans de nombreux grands ensembles baroques comme l’Ecurie de la Chambre du Roy, qui fut créé et dirigé par mon père, Les Talens Lyriques dirigé par Christophe Rousset ou encore Les Arts Florissants par William Christie. Aujourd’hui, je joue beaucoup de musique de chambre en collaboration avec d’autres musiciens, mais aussi avec mon propre ensemble “Les Dominos”, crée en 2003. J’enseigne également le violon dit “baroque” au sein de la Haute Ecole de musique de Genève depuis vingt ans.
J.M.A : Comme Florence, j’ai joué au sein d’ensembles baroques mais aussi de renaissance, notamment avec “l’Ensemble Clément Janequin”. J’enseigne le clavecin au Conservatoire National Supérieur de Lyon depuis une dizaine d’années je dirige l’Ensemble “Concerto Soave” avec lequel j’ai créé le Festival “Mars en Baroque” basé à Marseille, et dont je suis le directeur artistique.
Fantastique, merci beaucoup à tous les deux. Florence, cette prochaine question est pour vous. Ce concert du mardi 19 octobre ce jouera en la mémoire de votre père, Jean-Claude Malgoire, grande figure de la musique ancienne mais aussi président de l’association “Musique Baroque en Avignon” de 1988 à 1998. Quels sentiments ressentez-vous de revenir en Avignon pour cette occasion ?
F.M : C’est un plaisir de venir jouer pour Musique Baroque en Avignon : c’est un concert que nous devions faire en avril 2020, qui à cause de la pandémie sanitaire, a dû être reporté plusieurs fois. De plus, intimement, c’était une façon de rendre hommage à mon père, qui était avignonnais. Donc, je suis de même touchée que l’association ait voulu présenter ce concert en sa mémoire. Je suis aussi très heureuse de donner ce concert avec la merveilleuse Cécile Vérolles et Jean-Marc Aymes, grand spécialiste de la musique italienne. Je les connaissais tous deux auparavant et nous avons développé une belle complicité musicale. Ce sera la première fois que nous jouerons tous les trois ensembles !
Vous avez choisi un programme autour du “Violon au cours du XVIIème siècle” qui abordera des œuvres de Dario Castello, Giovanni Batista Fontana, Nicolas Matteis et d’autres. Pouvez-vous nous en dire plus, Jean-Marc ?
J-M.A : Le programme se tournera principalement vers des pièces valorisant la vocalité du violon en Italie au XVIIème siècle. Avant cela, il ne servait exclusivement qu’aux danses et pouvait s’ajuster sur tous les instruments d’époque. En l’occurrence, c’est donc à cette période que cet instrument a commencé à s’identifier en nourrissant son propre répertoire, à travers ces grands compositeurs et de violonistes d’époque. C’est une période charnière auquel Florence a souhaité illustrer par l’intermédiaire de ce concert, et comme je pratique beaucoup de musique ancienne italienne, elle m’a invité pour cette aventure.
Selon vous, quelle est le lien de la musique baroque avec le grand public aujourd’hui ?
F.M : Le lien est très fort et se répand à échelle internationale : Beaucoup de festivals et de structures fleurissent, les conservatoires européens mais aussi mondiaux possèdent maintenant des départements/classes de musique ancienne et échangent par le biais de projets musicaux. C’est une génération où nous effectuons un travail plus large et qui s’affine par des spécialisations dans la musique médiévale, renaissance sur les instruments d’époque mais aussi sur la grammaire musicale de chacune.
J-M.A : Pour ma part, la médiation se passe très bien car c’est une musique qui est directement sensible donc le contact est, en général, très enthousiaste. Le Festival “Mars en Baroque”, dont nous fêterons la vingtième édition l’année prochaine, accueille de plus en plus de monde, curieux d’en apprendre davantage. Il y a aussi une émulation évidente de la musique baroque à travers une vulgarisation positive qui touche un large public. Par exemple, la production moderne des “Indes Galantes” dirigée par Leonardo Garcia Alarcon à l’Opéra Bastille en 2019, dont Florence a participé, a éveillé un nouveau regard sur ce style.
Et pour finir, quels sont vos prochains projets pour l’avenir proche ?
F.M : Il y en a beaucoup ! Je travaille sur un projet de recherche enrichissant avec la Haute Ecole de Musique de Genève sur le violon “qui fait danser”. Un projet de création autour de la compositrice du XVIII -ème siècle ‘’Elisabeth Jacquet de La Guerre’’ avec mon ensemble “Les Dominos” se met en place. Et bien entendu, beaucoup de collaborations de musique de chambre entre autres avec Jean-Paul Serra, Vincent Thevenard, et d’autres.
J-M.A : Beaucoup de concerts, bien sûr. Je suis en train de peaufiner la prochaine programmation de “Mars en Baroque”. En mars, je dirigerai l’opéra “La Dafne” de Marco Da Gagliano, qui a été créé un an après “L’Orfeo” de Monteverdi, que nous ferons donc en version concert. De nombreux projets de rénovations et de mises à jour se montent sur des œuvres, encore malheureusement méconnues, de compositeurs provençaux, comme André Campra, Jean Gilles, Jean-Joseph Moret (originaire d’Avignon), etc.
Propos recueillis par Marjorie Cabrol