Rencontre avec le claveciniste Olivier Spilmont à l’affiche du concert du dimanche 14 avril en l’église Saint-Symphorien de Caumont-sur-Durance

M.B.A. : Bonjour, Olivier Spilmont, et merci de nous accorder cette interview. Vous avez été plongé dans le répertoire baroque depuis votre plus jeune âge, en commençant par la Maîtrise Boréale sous la direction de Jean-Claude Malgoire. Parallèlement à vos études de piano et de clavecin, vous avez fondé un ensemble de musique ancienne à l’âge de 17 ans. Aujourd’hui, vous êtes claveciniste et fondateur de votre ensemble « Alia Mens ». Pouvez-vous nous parler de votre première émotion musicale ? Comment votre compréhension du répertoire a-t-elle évolué au fil de votre carrière ?

O.S. : Impossible de me souvenir précisément de ma première émotion musicale !… J’ai chanté, enfant, dès l’âge de 7 ans, dans une maîtrise. Cette joie organique de chanter ensemble et de découvrir tout un monde, associée au partage avec les autres est difficilement descriptible. Un des souvenirs qui refait surface en en parlant est une production du King Arthur de Purcell avec Jean-Claude Malgoire ( je devais avoir 12 ans). J’allais découvrir la couleur, le grain inimitable des instruments anciens et surtout le langage merveilleux de Purcell.

M.B.A. : Vous avez créé votre ensemble « Alia Mens » en 2012, axé sur le répertoire baroque et en particulier les compositions de Bach. Quel est le processus de recherche que vous entreprenez pour atteindre cet objectif ?

O.S. : Pour nous, interpréter la musique sacrée de Bach n’est pas seulement une question de connaissance. Il s’agit, au-delà des croyances religieuses de chacun, de retrouver cette énergie de persuasion incroyablement intense qui permet à tous, auditeur comme interprète, de s’arracher du quotidien et de plonger dans la puissance révélatrice de l’instant.

M.B.A. : Le 14 avril, à l’Église Saint-Symphorien de Caumont-sur-Durance, vous explorerez un nouveau répertoire avec le contre-ténor Paul-Antoine Bénos-Djian et votre ensemble « Alia Mens », sur un programme dédié à Purcell. Pouvez-vous nous parler du programme ? Avez-vous un morceau favori ?


O.S. : Il s’agit finalement de poésie. De poésie mise en musique, et magnifiquement ! La voix de contre-ténor est finalement une madeleine de Proust pour l’Angleterre de cette époque. Les textes choisis sont souvent très beaux. Parfois simples, parfois profonds (ce qui n’exclut pas la simplicité !). Il faut ici un conteur. Et Paul-Antoine en est un.

M.B.A. : Selon vous, quelles sont les caractéristiques distinctives de la musique de Purcell ?

O.S. : Purcell est un génie. Et comme la plupart des génies, c’est un compositeur-éponge. Sa musique est nourrie de nombreuses influences, notamment de la musique française. Il partage avec Bach cette attention particulière portée aux parties intermédiaires, aux voix cachées. Et il possède cet art de raconter les choses graves et légères. Avec une grande maturité et une merveilleuse singularité.

M.B.A. : Quels sont vos prochains projets ?

O.S. : Nous continuons notre exploration avec la musique d’Arvo Pärt, pour chœur a capella, que nous interpréterons prochainement en mai à Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais, et à Montréal (Québec), à la Salle Bourgie. Cette musique réduite à l’essentiel porte en elle une énergie profondément libératrice, salvatrice. Par ailleurs, nous entamons une nouvelle résidence à Château-Thierry, dans le département de l’Aisne, où nous tenterons d’inventer et de nous réinventer. À la demande de l’Atelier Lyrique de Tourcoing, nous participerons à une intégrale des Cantates de Bach initiée par Alexis Kossenko et son ensemble Les Ambassadeurs-La Grande Écurie. Ce travail sur le long terme est particulièrement enthousiasmant. Enfin, je sortirai bientôt un premier album solo, au clavecin, consacré à… Bach.
 

Propos recueillis par Marjorie Cabrol

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